Dans le sud-ouest, aux confins du Gers, des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques, Simon Ribert, jeune viticulteur prometteur a fait appel à Gilles Fougerousse, venu du Var avec son apprentie Marie et ses chevaux Coco et Dino. Engagé dans un processus de certification bio de ses vignes, Simon recourt pour la première fois au labour équestre pour protéger ses pieds de vigne du froid dans le respect de la terre. Continuer...
Si le vin disparaissait de la production humaine, il se ferait dans la santé et dans l’intelligence un vide, une absence plus affreuse que tous les excès dont on le rend coupable.
Charles Baudelaire
En France, le vin bio connait un véritable engouement. Si tous les producteurs de vin bio ne recourent à la traction animale, en particulier le labour à cheval, la majorité de ceux qui y recourent sont certifiés bio. Bien que confidentielle, cette pratique est appelée à se développer. Selon une enquête de 2020, 3% des producteurs en France entretiennent leurs parcelles à l’aide de chevaux.
Simon cultive avec passion la parcelle de vigne de son grand-père
Dans le sud-ouest, aux confins du Gers, des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques, un jeune viticulteur prometteur, Simon Ribert, a rejoint depuis peu ce club restreint. A l’aube de sa trentaine, Simon cultive avec passion depuis 8 ans la parcelle de vigne de son grand-père, composée de vieux Tannat et de Cabernet Franc, à laquelle s’ajoutent 2 parcelles qu’il loue et sur lesquelles il a planté des pieds de Petit et Gros Manseng. Sur son domaine nommé Stratéus, large de 12 hectares, Simon produit des Madiran rouge et des Pacherenc-du-Vic-Bilh blancs.
Produire du vin bio en entremêlant l’animal au végétal
Comme il aime à le dire, Simon a plaisir à “entremêler l’animal au végétal”. A côté des vignes, des boeufs Angus, des brebis et bientôt des porcs noirs y sont élevés en liberté. Son frère cadet Charles l’épaule, ainsi que ses parents. Simon ne possède pas de chai mais un savoir-faire indéniable. Il élève son vin dans les caves de Castelnau et de Crouseilles.
Pour sa cuvée haut de gamme Néolitik, il a fait appel cette année à un prestataire de traction animale, Gilles Fougerousse, venu du Var avec son apprentie Marie et ses chevaux Coco et Dino. Gilles dispense ses services de traction animale depuis sept ans dans la région PACA. Simon n’a pas trouvé de prestataire équivalent dans son périmètre immédiat et Gilles a accepté de se déplacer dans le sud-ouest. Il faut bien cela pour « chausser » ou « cavaillonner » les quatre hectares de vignes de Simon avant l’arrivée des premières gelées.
En cette semaine automnale, les rangées de vignes de Simon se sont revêtues d’or. Au loin, tout en haut du coteau cerné d’arbres aux feuillage rouge écarlate, les silhouettes de Gilles, Marie, Coco et Dino, suivies de celle de Simon se précisent peu à peu. Coco l’endurci, un cheval noir Trait du Nord et Dino l’apprenti, un cheval blanc Percheron, se meuvent au son des douces injonctions de Marie et Gilles. Gilles dit de Coco qu’il connaît son travail, qu’il possède une intelligence, une puissance et une endurance hors pair.
Plaisir pour Simon et bienfait pour ses vignes du labour à cheval
Encouragé par son maître, Dino un peu maladroit lors de sa première journée de labour apprend vite. Les chevaux se reposent après 2 ou 3 allers-retours entre les rangées de vignes. Leur travail est lent, immuable mais précis. Simon et ses proches participent au labour.
A la pause, Simon explique les bienfaits pour ses vignes de la traction équine : les protéger du froid, permettre à la matière organique de se décomposer, limiter le tassement du sol, éviter la motorisation et le rejet de CO2. Il souligne le plaisir de travailler au rythme de l’animal et de sentir la terre. Au début du printemps, Gilles reviendra avec Dino et Coco effectuer le travail en sens inverse, « décavailloner la vigne », pour la faire respirer.
La technique est couteuse : 10.000 euros pour entretenir une année les 4 hectares de vignes dédiées à sa cuvée haut de gamme. Simon a fait appel pour les 3 ans à venir à un financement participatif sélectif sur Internet, « Winefunding » qui offre aux porteurs de projets retenus, outre des fonds, une belle reconnaissance oeunologique.
Et déjà, une reconnaissance par de grands chefs français
Et au mot de « reconnaissance » les yeux de Simon brillent : Paul Bocuse, le célèbre restaurant lyonnais va en effet désormais proposer le moelleux de Simon à sa table. Et une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, le restaurateur Alexandre Mazzia à Marseille proposera quant à lui à ses hôtes le blanc sec de Simon.