Dans une petite bourgade des Hautes-Pyrénées près de Tarbes, un artiste russe conceptuel Andrei Molodkin a réalisé une oeuvre interactive « Poutine rempli de sang ukrainien », à partir du sang de donneurs volontaires ukrainiens, en vue de dénoncer l’invasion russe en Ukraine. Il accueille chez lui une famille de réfugiés ukrainiens réunie temporairement. Sacha, le mari ukrainien dit que bientôt il partira aider son pays à se défendre contre l’agression russe. Et effectivement Sacha est reparti en Ukraine depuis. Continuer...
Dans une petite bourgade des Hautes-Pyrénées près de Tarbes, un artiste russe conceptuel Andrei Molodkin visionne chez lui sur son écran d’ ordinateur la vidéo de son installation interactive « Poutine rempli de sang ukrainien ». L’oeuvre égrène seconde après seconde le nombre croissant de victimes de la guerre en Ukraine au son rythmé d’un coeur en train de battre. A ses côtés, des enfants russes et ukrainiens regardent avec inquiétude le portrait ensanglanté de Poutine. L’oeuvre en plexiglass à l’effigie de Poutine dénonce l’invasion russe en Ukraine. Présentée à Londres puis dans la capitale Slovène, elle a été réalisée avec du sang de donneurs volontaires ukrainiens. Parmi les donneurs, figure Sacha, un collaborateur et ami de l’artiste, de passage en France au centre d’art expérimental d’Andrei, la Fonderie, avant que la guerre n’éclate en Ukraine. Après le début de l’invasion russe dans son pays, Sacha a fait rapatrier à la Fonderie son épouse et ses deux enfants d’Ukraine. Pendant quelques semaines, la famille ukrainienne de nouveau réunie a tenté de retrouver un semblant de normalité grâce à la générosité de cet étonnant artiste russe et de sa famille. Pour Andrei, marqué à jamais par son service militaire dans l’armée soviétique, l’art signifie avant tout engagement politique et non simple divertissement. Ses oeuvre sont composées de mot russe évocateur signifiant par exemple « rien à foutre » ou “en avant”. Non à voir mais à concevoir, ses oeuvres côtoient des oeuvres figuratives d’Andres Serrano dénonçant la torture et la guerre dans des mises en scène photographiques. Le fils russe d’Andrei et les deux garçons ukrainiens de Sacha jouent à se faire peur, comme n’importe quels autres enfants vivant hors des tourments de la guerre. Tous les jours, la jeune épouse ukrainienne de Sacha* s’assure que ses garçons ne ratent pas la classe, notamment d’apprentissage de l’écriture, dispensée à distance depuis l’Ukraine par visio conférence. Un soir, Sacha et son épouse préparent pour la famille d’Andrei un borscht, un plat traditionnel aussi bien ukrainien que russe. D’autres amis ukrainiens et originaires du Belarus sont conviés au repas. L’heure n’est cependant pas à la fête. Sacha regarde inquiet sur son portable les dernières nouvelles du front. Il dit que bientôt il partira lui aussi aider son pays à se défendre contre l’agression russe. Et effectivement Sacha est reparti en Ukraine depuis.
*le prénom a été modifié.
Un reportage d’avril 2022